Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le blog d'Emmanuel Maurel
Derniers commentaires
Archives
7 mai 2007

La défaite en souriant

La défaite en souriant, c’est un choix. Pourtant, il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir. Pour la troisième fois consécutive, la gauche perd l’élection présidentielle. Pire encore, avec moins de 47% des voix, le PS réalise un score inférieur à celui de 1995. A l’époque déjà, après deux septennats de François Mitterrand, les optimistes évoquaient une « défaite d’avenir ». Les mêmes nous resservent l’expression, douze ans après, pour qualifier la performance de Ségolène Royal.  

 

On se console comme on peut. Cette foi dans un avenir radieux aurait quelque chose de touchant si elle ne visait pas à occulter le débat nécessaire sur les causes de la défaite. Si il est trop facile de charger la seule candidate, il est également irresponsable d’évoquer la faute à pas de chance. Sarkozy a gagné autant que la gauche a perdu. Reste à savoir comment ce qui paraissait quasi impossible il y a un an (ah, ces sondages qui donnaient Ségolène vainqueur dans tous les cas de figures ! ah, les argumentaires reposant sur cette évidence : elle seule peut et va gagner !) s’est finalement réalisé.

 

Pourquoi le nier ? La victoire était à portée de main. Douze années de chiraquisme calamiteux. Un gouvernement à bout de souffle, contesté dans les urnes (régionales et européennes de 2004) et dans la rue (mouvements contre le CPE, grèves), terminant à moins de 30% d’opinions positives. Un candidat issu de la droite dure, ami des patrons, affichant sans complexe son libéralisme dans un pays qui lui est naturellement rétif. Un candidat élu dans une banlieue de riches, plus proche du balladurisme défunt (et défait) que du gaullisme social. Un candidat ouvertement atlantiste enfin, dans une France qui ne l’a jamais été. Il y a un an, parier sur Sarkozy, c’était risqué.

 

Or voilà que le ministre de l’intérieur, parvenant à convaincre un électorat qui a pourtant tout à craindre de son accession au pouvoir, remporte la mise facilement. Cette tragédie, il faudra plus que de larges sourires et des fêtes de la défaite pour en oublier l’étendue. La gauche est à reconstruire. Ca commence aujourd’hui.

Publicité
Commentaires
J
La gauche a perdu, je crois, parce que le contexte la rend incohérente : la mondialisation libérale abîme, rend inefficace l'outil indispensable d'une politique socialiste : l'Etat. On ne peut pas mener une politique de redistribution si les plus riches peuvent légalement expatrier leur millions dans des paradis fiscaux. Ni mener une politique volontariste si l'Europe empêche toute intervention de l'Etat au nom de dogmes néo-monétaristes, sensés être indiscutables, et détruit au nom de ces mêmes dogmes des services publics structurants comme EDF-GDF, La Poste, et demain la SNCF. <br /> <br /> Tant qu'on pourra rétorquer très justement à la gauche : "vous allez faire partir les riches en leur demandant de partager, vous ne pourrez pas faire ci ou ça parce que ce n'est pas assez libéral pour la Commission", etc. on aura l'impression d'une gauche forcément impuissante et incohérente. Parler des Régions et de la démocratie participative noie encore plus le poisson et accroît la confusion, au lieu de lever l'incohérence. C'est pourtant terriblement simple : soit la gauche cesse d'être ce qu'elle est et se résigne à son impuissance, c'est à dire qu'elle devient "social-démocrate" et à ce moment-là peut prétendre mener une action logique dans le contexte actuel (cf. DSK); soit elle remet en cause ce qui aujourd'hui rend impossible une politique de gauche : liberté totale de circulation des capitaux, tyrannie juridique, économique, et donc politique de l'Europe de Bruxelles, notamment. Mais ça, c'est difficile et osé, il faudrait du courage, du culot même, et ce qui explique que cela n'est toujours pas fait...<br /> <br /> En fait, il faudrait à gauche un homme ou une femme "providentiel(le)"; et je suis à peu sûr que Mme Royal n'est pas du tout celle-là.
le blog d'Emmanuel Maurel
Publicité
le blog d'Emmanuel Maurel
Publicité