Grozdanovitch est un type bizarre.
Champion de tennis, de squash, puis d’échecs, il a attendu près de 50 ans pour
se consacrer à sa grande passion, l’écriture. Pendant de longues années, ce
monsieur a noirci de petits cahiers, emplis de notations diverses, de saynètes
prises sur le vif, de maximes, de citations. Il y a peu, il décidait de rendre
public ses pensées et anecdotes dans un premier recueil, Petit traité de désinvolture (José Corti). Un petit chef d’œuvre,
une pièce d’orfèvrerie : le style est impeccable, le ton d’une grave
légèreté.
Depuis ce coup de maître,
l’ancien sportif a récidivé par deux fois. Avec Rêveurs et nageurs (José Corti) puis aujourd’hui « brefs aperçus sur l’éternel féminin »,
Grozdanovitch poursuit sa route singulière. De courts récits, servis par un
formidable sens du croquis, par une plume alerte et un vrai sens de l’humour.
Dans son dernier opus, les femmes
sont à l’honneur. Pour savoir qui, « au
bout du compte, de l’éphémère vanité
masculine à l’éternel féminin, mène le jeu ». Petites filles, mémères
intarissables, « impudentes amazones », vierges effarouchées et
demoiselles neurasthéniques : l’auteur puise dans ses souvenirs pour nous
offrir un panorama complet de la gent féminine. Avec une élégance rare, qui
n’empêche pas un soupçon de grivoiserie.
Oui, il faut lire au plus vite ce
grand styliste, ce gai mélancolique à la culture encyclopédique.
« Et le vent, tel un vieux pope radoteur, poursuivit son soliloque
le long des rues désertes. »
Brefs aperçus sur l’éternel
féminin.
Denis Grozdanovitch, Robert
Laffont, 19 euros