L’antichambre de la droite
« Bayrou en rêvait, Sarkozy
l’a fait ». La presse enamourée ne tarit pas d’éloge sur
l’ « ouverture » à la mode UMP. Il est vrai que le nouveau
président possède l’art de transformer une opération de débauchage en symbole
politique. Cela ne durera pas plus d’un mois : c’est juste suffisant pour
marquer les esprits avant les législatives. Car évidemment, la manip obéit
avant tout à un impératif électoral : amplifier la victoire et,
accessoirement, écraser le Modem de Bayrou. Histoire d’avoir de solides marges
de manœuvre pour gouverner tranquille.
La gauche ne doit pas être gênée par l’ouverture, au contraire. Celle-ci lui fournit des arguments politiques pour la campagne mais aussi l’occasion de réfléchir à sa reconstruction.
Le plus intéressant dans ce débauchage, finalement, c’est ce qu’il révèle sur la pensée stratégique d’une certaine gauche. Entre les deux tours de la présidentielle, les beaux esprits avaient multiplié les appels au « dépassement des frontières », à l’avènement d’un centre gauche moderne et sexy. Kouchner et Jouyet était parmi les principaux promoteurs de cette formule magique. Leur itinéraire est logique : le centre, c’est l’antichambre de la droite.