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13 juin 2006

Le gai savoir nomade

 

Petit traité de l’immensité du monde,

Par Sylvain tesson.

Sylvain Tesson est un type agaçant. A 32 ans, ce jeune homme écrit merveilleusement et a déjà arpenté la moitié de planète à pieds, à vélo ou à cheval. Ce refus des moyens de transports couramment utilisés, il le justifie ainsi : « Qui aura arpenté le monde à l’aide de sa seule énergie explorera une autre dimension du temps : plus épaisse, plus dense. Le temps de l’Occident est un courant d’air qui passe sur les fenêtres de nos vies. Il se mue sur le chemin en pâte généreusement pétrie ».

 

Le dernier opus de l’écrivain voyageur, Petit traité de l’immensité du monde, est un hymne au vagabondage et à la contemplation active des beautés du globe terrestre. Rien à voir pourtant avec la mode «bobo » des séjours écolos. Pour Tesson, le voyage est un mode d’être, une nécessité vitale : « Partir pour refroidir les chaudières intérieures. En plus de freiner la course des instants, le voyage apaise les constitutions soumises à la pression d’un trop-plein d’énergie ».

 

De la toundra au désert de Gobi, de l’Asie centrale aux forêts franciliennes, Tesson nous embarque dans ses pérégrinations pédestres ou équestres, multipliant les anecdotes et les maximes joliment troussées (« la terre est un palimpseste gratté et retravaillé à chaque génération par le gribouillage des piétinements »). Une vie déambulatoire donc, à la fois horizontale et verticale : quand Tesson ne marche pas, il escalade. Les arbres et les montagnes, bien sûr, mais aussi ces « vaisseaux de pierre » que sont les cathédrales gothiques d’Europe, qu’il visite la nuit en compagnie de casse-cous de son espèce.

 

Ce Monsieur est content de son existence : comme on le comprend ! Au point que, passé un premier moment de jalousie et d’admiration (on est forcément sédentaire comparé à cet animal !), on en vient à détester ce marcheur qui nous fiche des complexes et n’hésite pas à prendre la pose : «Dans le Gobi, un peu étourdi par la solitude, j’ai parlé aux buissons ligneux qu’épargnait la dent de mon cheval et ces conversations m’aidèrent à puiser l’énergie pour aller de l’avant ».

 

Ce sentiment est fugace : car il est heureux qu’il existe encore des hommes de cette pâte, des « êtres perpétuellement en état de poésie », héritiers des « wanderer » romantiques.

 

Lisez ce court essai sur le gai savoir nomade, vous serez conquis : « La gaieté du vagabond est sa meilleure nourriture. Elle n’est pas précisément la liesse. Elle évoque plutôt un appétit adolescent doublé d’une ironie légère devant la vie, cette vaste entreprise à se foutre du monde ».

 

 

Petit traité de l’immensité du monde, par Sylvain Tesson

Editions des équateurs, 15 euros.

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